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De retour du Trail du Petit Saint-Bernard, édition 2019 | 60k | 3500d+

Prologue

Samedi matin, je prends la route seul pour rejoindre la Savoie, le trajet trop long sur un week-end pour envisager de le faire en famille. En milieu d’après-midi je récupère mon dossard auprès de l’organisation à Bourg Saint Maurice et rejoins l’auberge de jeunesse de Séez, mon lieu d’hébergement pour les nuits de samedi et dimanche. 

Accueilli par Olivier, le gérant du site fort sympathique, je m’installe dans une chambre que je vais partager avec Romain, Benoit et Frédéric, 3 compagnons trailers avec qui j’aurai le plaisir d’échanger sur notre passion commune autour d’un vrai repas de sportif spécialement concocté par l’épouse d’Olivier. Un vrai délice !

 

Jour de course

3h30 : Après une courte nuit, le réveil sonne, le temps de nous équiper, nous rejoignons le restaurant de l’auberge ou nous avons la chance de pouvoir prendre un petit déjeuner digne de ce nom 🙂

4h30 : Je récupère Adrian, un jeune Anglais de 22 ans en co-voiturage et prenons la route pour nous mener aux Chapieux, lieu de départ du Trail des 60k. A cette heure matinale, mon niveau d’anglais n’étant pas brillant, il me faut faire beaucoup d’effort pour arriver à converser avec mon co-pilote mais tant bien que mal arrivons à nous faire comprendre .

5h00 : Arrivé aux Chapieux, la voiture indique un petit 3° ! Le temps de passer à la vérification du sac et matériel obligatoire, je regagne le sas pour le briefing de course.

6h00 : Au milieu des 350 autres “illuminés”, le départ nous est donné dans une nuit encore bien noire, tous éclairés par nos frontales nous partons pour ce qui devrait être une longue et belle journée d’aventure…

Nous attaquons par quelques kilomètres sur une petite route bitumée pour rejoindre le village des Glaciers, puis le refuge des Mottets et rapidement prenons la montée, première difficulté de cette journée, en direction du Col de l’Ouillon (2616m, 1073d+). Comme à l’accoutumé, sur cette sente étroite, nous évoluons tranquillement en file indienne, rares sont ceux qui doublent, les plus rapides partis en tête sont déjà loin… 

Petit à petit, le jour se lève. Tout autour de nous les cimes sont recouvertes d’un blanc manteau. La vue est de toute beauté.

Tral du Petit Saint-Bernard 2019 - En pleine acsension du Col de l'Ouillon, le jour se lève

Le jour se lève…

A quoi servirait l’expérience si on ne s’en sert pas ? Sur ce Trail, je vais être très attentif à la gestion de mon hydratation et surtout de l’alimentation et suivant les conseils en nutrition du coach, je prévois de m’alimenter chaque heure de course en alternant une ½ barre énergétique ou ½ compote ou une pleine bouchée de sandwich maison ou un peu de purée de patate douce… Le but étant d’amener régulièrement de l’énergie au corps tout en alternant les saveurs afin d’éviter l’écœurement, les problèmes gastriques (Merci). 

A l’approche du Col de l’Ouillon, la faible quantité de neige tombée l’avant veille est bien glacée et sur cette pente à plus de 30%, l’accroche y est plutôt hasardeuse. Concentration maximale dans les derniers mètres car, il serait pour le moins “couillon” de dévaler…

 

7h55 : Col de l’Ouillon (2616m) – 9,4e km – Chrono : 1h55

 

Trail du Petit Saint-Bernard - Franchissement du Col de l'Ouillon

Franchissement du Col de l’Ouillon

Je passe le Col avec 30 minutes d’avance sur mon roadbook. Pour fêter cette bonne nouvelle, j’en profite pour prendre en photo ces reliefs magnifiques 🙂 puis je reprends ma course afin de ne pas me refroidir de trop en direction du premier ravito au pont de Chérazi, 4,9km plus loin. Hormis les 100 premiers mètres qui sont encore très glissants, cette section est plutôt roulante, sans difficulté particulière sur un profil descendant.

 

8h41 : Ravito pont de Chérazi (2065m) – 14,5e km – Chrono : 2h41

42 minutes d’avance, youpi ! Par bonheur un bouillon de pâtes chaud sur ce ravito, je ne me fais pas prier. Deux petits grignotages par ci par là et je repars pour la deuxième grosse difficulté du jour : Le Col de la Forclaz (2521m) !

Fort de ma première expérience, il y a 2 ans, sur le 40k, où j’avais complètement subi ce mur, je sais qu’il faut prendre l’ascension de ce col avec beaucoup d’humilité. C’est donc de façon tranquille mais régulière, tout en surveillant le cardio que j’attaque ce morceau, 500d+ sur un peu plus de 2kms. Et cela s’avère payant, même si ma vitesse de progression n’est pas très rapide, j’arrive à doubler quelques concurrents.  

 

9h33 : Col de la Forclaz (2521m) – 17,2e km – Chrono : 3h33  

Le mur est franchi, bien content ! Pour autant, le temps de prendre quelques clichés, je ne m’attarde pas et me voilà reparti en direction de l’hospice du Petit Saint-Bernard (363d-).

Ce tronçon se veut roulant malgré quelques ornières piégeuses. Peu avant l’hospice du Petit Saint-Bernard, de bien belles vaches brunes nous regardent passer 🙂

 

10h10 : Hospice du Petit Saint-Bernard (2158m) – 21,8e km – Chrono : 4h10

59 minutes d’avance sur mon roadbook 🙂
Alors qu’il y a 2 ans, il s’agissait de l’arrivée du 40k avec la présence de ma petite femme, là, il ne sera question que d’un arrêt de quelques minutes pour le ravito. Je fais le plein des flasques, indispensable car le prochain ravitaillement est indiqué au 43e km, soit un peu plus de 21km en autonomie complète. Je prends également le partie de ne pas traîner et continue ma route tout en marchant le temps de manger un peu de ma purée de patate douce en direction du lac du Verney que l’on va contourner par la droite. S’en suit une première partie d’ascension (un premier pic à 2564m) en direction du Col de Bassa Serra (2742m) que nous emprunterons plus loin. Cette section s’avère éprouvante, un fort vent glaciale s’invite à la fête allant presque à me déséquilibrer parfois.

28e km, je ne sens plus mes doigts, complètement engourdis par ce froid polaire. Il est grand temps que je me décide à sortir mes gants et à les mettre rapidement.

Une douleur sous le premier tiers du pied gauche fait son apparition à chaque appui lors de cette ascension. Alors je me remémore les conseils donnés par mon amie Laurence : “Accepte la douleur, visualise la, et peint la en blanc… et recommence…” Ce que je vais mettre en application.

Trail du Petit Saint-Bernard - La beauté des paysages

La beauté des paysages…

30e km, je fais la rencontre de Yves, un sympathique belge. Avec son épouse, ils sont en vacances pour la semaine. Et pendant que nous “trailons”, Madame en profite pour randonner. Alors que nous sommes à mi-parcours, désormais avec Yves nous faisons route ensemble, et nous avons le temps d’échanger 🙂

La douleur sous le pied gauche s’en est allée comme elle est arrivée, sans faire de bruit. Merci Laurence !

 

12h37 : Col de Bassa Serra (2742m) – 32,5e km – Chrono : 6h37

48 minutes d’avance, j’ai perdu quelques minutes, je sens que je commence à avoir moins d’énergie. Nous passons les ruines de Bassa Serra et nous arrêtons quelques minutes pour profiter de la beauté des lieux et faire quelques photos 🙂

Trail du Petit Saint-Bernard 2019 | 60K | Pause aux ruines de Bassa Serra

Une petite pause aux ruines de Bassa Serra

Dieu seul sait qui a bien pu dessiner de tels paysages, de telles beautés…. Partout où mon regard se pose, ce n’est que spectacle aux couleurs plus incroyables les unes que les autres. Comment ne pas tomber sous le charme et l’émerveillement de ces lieux ? Et même par ces températures plus que fraîches cela réchauffe le cœur !

Le parcours devient plus technique, un chemin étroit et enneigé à flanc de montagne sur un profil descendant est équipé d’une ligne de vie sur laquelle nous allons pouvoir nous agripper afin d’évoluer sereinement.

Alors que nous devinons au loin le Col des Chavannes, toujours sur un chemin étroit à flanc de montagne, la neige ayant disparu, nous arrivons sur un passage bien plus technique. Des guides présents, nous demandent de ranger nos bâtons car nous allons avoir besoin de nos deux mains pour nous tenir à une chaîne sur un tronçon très aérien équipé façon via ferrata.

C’est plutôt plaisant pour qui n’a pas le vertige et sans danger pour peu que l’on respecte les consignes données et au final assez rare lors d’un trail ! 🙂

 

13h16 – Col des Chavannes (2592m) – 35,2e km – Chrono : 7h16

37 minutes d’avance, et à 1h29 de la barrière horaire. 

Trail du Petit Saint-Bernard - Le Mont-Blanc, roi de ces lieux

Le Roi de ces lieux 🙂

Le Mont-Blanc, en face de nous, coiffé de nuages nous prévient: Il ne faudra pas traîner les conditions météorologiques évoluent rapidement ! Un membre de l’organisation nous renseigne sur les sommets que nous apercevons proches du Mont-Blanc : Aiguilles de Tré-la-tête, Dôme du Goûter… Il nous faut reprendre sans plus tarder notre route en direction du Mont Fortin !

La relance se fait sur une piste descendante et rapidement sur notre gauche nous empruntons une sente montante qui va nous mener, par une ligne de crête jusqu’aux ruines du Mont Fortin (2758m) puis au pied du Mont Favre.

Sur cette ligne de crête, avec Yves tout en avançant péniblement, car tout de même bien usé à cet endroit du parcours, nous admirons la vue côté gauche, toujours sur le Mont-Blanc, quelques séracs et en contre-bas, je reconnais le Refuge Elisabetta Soldini, où avec mon jeune frangin Aurélien, fin juin lors de notre UTMB en Off, nous avions fait une halte bien méritée avant de reprendre notre route vers Courmayeur 🙂

A nouveau exposé sur cette arrête, le fort vent glacial continue d’entamer notre résistance jusqu’à ce que la suite de notre périple nous fasse descendre droit dans la pente pour enfin rejoindre le dernier ravito qu’il me tarde de voir arriver…

15h – Ravito Berrio Blanc du dessus (2436m) – 43,3e km – Chrono : 9h 

37 minutes d’avance.

Hélas, pas de soupe mais un thé chaud. Adjugé ! j’en prendrai bien une tasse s’il vous plaît 🙂

Avec Yves, nous nous posons quelques minutes, histoire de reposer un peu les jambes tout en grignotant et en profitons pour plaisanter avec les sympathiques bénévoles. Mais, les meilleurs choses ont une fin, il ne faut pas s’éterniser et reprenons notre route en les remerciant.

Sur un profil descendant, nous courons sur un petit sentier puis rejoignons une piste bien plus large, que j’avais pris dans de le sens opposé, deux ans plus tôt sur le parcours du 40k pour rejoindre le Col des Chavannes. Yves me « booste » pour relancer sur la descente, en courant on va toujours plus vite qu’en marchant 😉 Nous doublons des concurrents qui nous redoublent plus loin, puis les redoublons à nouveau et cela à plusieurs reprises.

50e km, 15h48, s’en est terminé de la descente, il nous reste 8 kms à parcourir et environ 400d+ à avaler et cerise sur le gâteau il commence à pleuviner.

Lorsque nous pouvons, sur les sections assez plates, Yves invite toujours à courir, mais les organismes sont bien éprouvés, et nous alternons course et marche rapide. Ces derniers kilomètres nous paraissent bien longs. Nous en profitons pour parler de nos vies, de nos familles 🙂

Au fur et à mesure, que nous remontons en direction de l’hospice du Petit Saint-Bernard, la pluie s’intensifie, elle est à présent glaciale et cinglante grâce au vent qui souffle à nouveau fort sur cette partie à découvert. Du coup, elle vient nous fouetter en plein visage, c’est loin d’être agréable…

Et comme souvent, en fin de parcours, après une montée on espère qu’il n’y en aura plus et bien s’est loupé, une autre pointe le bout de son nez.

 Enfin, nous revoici à nouveau tout proche du Lac du Verney, une ultime bute à franchir et nous arrivons à hauteur de la route. A proximité des remontés mécaniques de l’Espace Bernardo, j’aperçois une personne qui s’abrite, que je prends pour une bénévole, mais que nenni, il s’agit en réalité de l’épouse de Yves qui est venu l’attendre sur la fin du parcours. Elle partage quelques mètres en courant avec nous ce qui va nous égailler puis nous laisse filer. Au loin nous apercevons l’hospice du Petit Saint-Bernard dans le brouillard qu’on imagine à 500m. Nous augmentons notre vitesse car il est temps d’en finir, et de se mettre au chaud !    

Mais plus on avance plus il nous semble que l’hospice est toujours aussi loin. Nous avons mal estimé la distance, c’est en réalité 1,5 km qu’il nous reste à parcourir.

Allez, encore un petit effort, une centaine de mètres, et avec Yves franchissons ensemble cette arche d’arrivée sous la pluie en 11h21 de course 🙂

Au membre de l’organisation qui me demande comment s’est passé cette course ? Si j’ai apprécié ? J’ai du mal à lui répondre en lui parlant de façon compréhensible. Avec le froid et la pluie j’ai les muscles du visage et de la bouche légèrement tétanisés…

Trempé jusqu’aux os, nous nous dirigeons rapidement à l’intérieur de l’hospice, où chacun récupère son sac de change et trouvons un coin pour changer de tenue. Assis sur un fût de bière, il me faudra plus de 30 minutes pour accomplir cette mission.

Ainsi s’achève ce Trail du Petit Saint-Bernard de 60k pour 3500d+. Un Trail aux paysages magnifiques, aux couleurs somptueuses en ce début d’automne. Le slogan de l’organisation prend alors tout son sens, lorsqu’elle indique : “La montagne à l’état pur !”

Au final, nous avons eu beaucoup de chance avec la météo : Du froid certes, mais du soleil, ce qui nous a permis de profiter pleinement de ces vues sublimes. La pluie s’invitant uniquement sur les derniers kilomètres du parcours.

 

Epilogue

  • A l’hospice, je retrouve Adrian qui termine en 10h38 malgré des maux de ventre. Bravo à lui !
  • Avec Adrian, nous ratons la navette de 18h30 qui doit nous ramener aux chapieux, nous obligeant à attendre celle de 19H30. A cela s’ajoute 1h30 de trajet pour arriver aux Chapieux, puis 30 minutes de voiture pour regagner l’auberge de Jeunesse (21h30).
  • Alors que le service est terminé, Olivier et son épouse vont nous concocter un bon repas bien qu’il soit pratiquement 22h ! Encore un grand merci à eux !
  • 23h : Je regagne ma chambre, et trouve Frédéric couché encore sonné par le froid, il est arrivé au moment où nous quittions, avec Adrian, l’hospice du petit Saint-Bernard en navette. Il termine en 13h29. Nous échangeons sur notre course.
  • 23h30 : Après une bonne douche, je me couche enfin, je vais profiter d’une bonne nuit de sommeil car demain il faut faire route en direction du Sud 🙂 mais avant de m’endormir, je refais le film de cette journée et puis je souris en pensant à ce que Adrian avait dit sur le trajet du retour, avant d’arriver à l’auberge de jeunesse : “What amazing day !”

 

Résultat/Classement

  • Je termine avec 39 minutes d’avance sur mon roadbook. Il faut que j’arrive à peaufiner un peu mieux cette prévision.
  • Classement au général : 161e sur 349 participants, dont 42 abandons.
  • Classement dans ma catégorie (V1 Homme) : 46e sur 112. 

 

Remerciements

  • A ma petite femme, pour ton beau message après mon arrivée.
  • A Yves pour ces 30 kilomètres partagés et tes coups de relances qui nous ont fait gagner du temps 🙂 Peut-être auront nous le plaisir de partager d’autres kilomètres sur de nouvelles aventures…
  • A Adrian, pour nos échanges en Franglais 😉
  • A l’organisation du Trail du Petit Saint-Bernard et aux nombreux bénévoles de nous permettre de courir dans des endroits aussi beaux. C’était juste magique !
  • A Olivier et à son épouse de l’Auberge Seez Les Arcs pour votre gentillesse, votre écoute, votre disponibilité ! 
  • Au coach, Alain Roche, pour ces conseils en nutrition, ces entraînements.
  • A Yohann pour la belle photo avec le Lac du Verney
  • Enfin, à vous qui avez pris le temps de lire ce récit de course 🙂

 

Annexes :

 

Film de Florient Sollima – Studio

Bassa Serra TPSB 2019 60KM

Zoom sur Bassa Serra (60km)…SENSATIONAL RACE ! ;)LA MONTAGNE A L'ETAT PUR !https://traildupetitsaintbernard.fr/Images : Florient Sollima – StudioAlpinstore ; La Rosière – Espace San Bernardo ; Maison de SEEZ – Bureau Information Services ; Courmayeur Mont Blanc ; La Thuile Valle d'Aosta -Italy- ; INTERSPORT Bourg Saint Maurice ; Outdoor and News

Publiée par Trail Du Petit Saint Bernard sur Samedi 12 octobre 2019

 

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