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Retour sur la SaintéLyon 2018, mon 1er abandon sur une course.

 

Forfait l’année dernière j’avais dû renoncer à cette course nocturne mythique qu’est la SaintéLyon, qui consiste à rejoindre Lyon depuis Saint-Etienne via les crêtes des Monts du Lyonnais.

Cette année, la doyenne des courses nature, pour sa 65e édition, affiche un nouveau parcours (81 km, 2100D+ pour 2400d-  contre 72 km, 1700D+ l’année précédente).

La SaintéLyon c’est 17000 participants sur l’ensemble des épreuves, dont 7500 sur le SOLO 81km. C’est également un millier de bénévoles…

Florent également de la partie, je me faisais donc une grande joie de participer à cette fête. 

Nous faisons donc le déplacement en famille avec Florent sur Lyon.    

Le temps de récupérer les dossards, de faire un petit tour sur les différents stands, il est l’heure de se préparer et prendre la navette qui nous mènera à Saint-Etienne pour la pasta-party. Quelques heures à patienter dans cette salle du Parc des expositions où, parmi les milliers de concurrents, chacun essaye de se trouver un petit bout de place pour se poser avant la première vague de départ qui est donné pour 23h30.

Les températures sont clémentes, le ciel couvert, il est prévu de la pluie pour la nuit !

22h30, avec Florent, nous décidons de nous mettre en place dans le sas de départ, qui est déjà bien rempli. Comme des sardines dans leur boites, on patiente et on se tient chaud. Il commence à pleuvioter. Le speaker est exalté et nous avec, à 23h30 la première vague s’élance juste après les élites. Nous attendons notre tour.

 

SaintéLyon – Dans le SAS de départ…

 

23h45, le départ nous est donné !

C’est toujours l’euphorie de se trouver sur une ligne de départ même si tout le monde sait que l’épreuve sera difficile…

Nous voilà parti ! On essaye de ne pas courir trop vite. Quelques kilomètres sur le bitume, quelques chemins, à nouveau du goudron et petit à petit on attaque les premières côtes. Au sommet d’une montée, malgré le ciel couvert et la fine pluie, en se retournant, on admire la beauté du spectacle qui s’offre à nous : Un long serpentin de frontale qui s’étend en pleine nuit sur les chemins déjà parcourus et devant nous ce même serpentin qui nous montre les endroits que nous traverserons bientôt à notre tour. On surveille notre vitesse, on veille à ne pas forcer sur ces premières montées. 

Une heure de course et déjà 10km d’avalé. Florent semble avoir des difficultés, il ne coure pas comme d’habitude, il est derrière et reste en retrait. Je suis surpris, car le lièvre c’est lui, pas moi. 😉

De nuit avec ce flot de participants et de frontales il n’est pas évident de se retrouver. Je m’arrête à plusieurs reprises pour l’attendre jusqu’à ce qu’il me dise qu’il va abandonner au prochain ravitaillement car il n’a pas les jambes, les muscles se tétanisent. Je suis un peu déboussolé par cette nouvelle, je ne m’y attendais pas. Florent me dit de faire ma course et d’y aller. Je reprend donc ma route, en pensant que ça ira mieux pour lui d’ici quelques kilomètres et comme il est bien plus rapide que moi il me rattrapera certainement plus loin… 

La pluie s’intensifie et je bataille, à plusieurs reprises, avec la capuche de ma veste qui vient perturber le positionnement de ma frontale jusqu’au moment ou ma patience ayant ses limites, je décide de l’ôter. Tant pis pour la pluie, j’ai tout de même un bonnet pour me protéger la tête et les oreilles et le plus important est de voir où je pose mes pieds…

Saint Christo-En-Jarez, 19e km

Voici le premier ravitaillement sous un chapiteau. L’endroit est noir de concurrents et de bénévoles pour nous servir. La chaleur y est saisissante. Va pas falloir traîner ici ! Je fais le plein des flasques, un bout de banane, un morceau de chocolat vite avalé et c’est reparti. J’ai bien fait de ne pas rester trop longtemps car la différence de température est énorme. je me remets à courir pour vite me réchauffer.

Le vent, froid qui plus est, s’invite à la fête ! Je n’ai aucune idée de la température qu’il peut faire mais le mélange pluie et vent fait que le ressenti est loin d’être agréable. Par moment la pluie cinglante vient taper sur le visage. C’est sans compter les conséquences sur le terrain qui devient de plus en plus gras. Les kilomètres passent lentement et plus ça va et plus je me dis que ça va être difficile. Je reste positif en pensant uniquement par tronçon de 10km et vise le prochain ravito…

Inutile de préciser qu’à ce stade je suis aussi trempé qu’une éponge qu’on vient de plonger dans l’eau… J’ai un doute sur l’étanchéité de ma veste de pluie, ou serait-ce uniquement la transpiration qui ne peut se dissiper prise au piège par la fermeture de la veste ? Toujours est il qu’il faut continuer à avancer. Les descentes sont de plus en plus glissantes, les parties en sous-bois, avec les feuilles à terre masques de nombreux pièges comme des cailloux.

Sainte-Catherine, nous voilà, 32e km et 2e ravito.

Cette fois point de chapiteau, seuls les présentoirs alimentaires et les bénévoles sont à l’abris. Au moins on ne pourra se plaindre de la chaleur 😉 De toute façon je ne compte pas m’éterniser, Je prends une soupe bien chaude et fort bonne, quelques grignotages et hop en route.

Quelques mots de ventre sur ce tronçon font leur apparition mais rien de trop gênant. Le problème le plus préoccupant et qui demande une attention de tous les instants, c’est le terrain. La pluie qui continue de tomber sur les chemins a remplacé la terre en boue mêlée aux pierres et cailloux. Évidemment ça glisse énormément. Je me demande combien de concurrents ont bien pu chuter sur cette épreuve car pour pour ma part j’en ai au moins vu 5 tomber à quelques mètres devant moi, toujours sans gravité et un peu plus lourd en se relevant… J’ai eu du bol, j’ai au moins pu éviter ça et pourtant j’ai failli tomber à maintes reprises !

Mais tout ceci à un coût, le sol qui se dérobe sous vos pieds demande beaucoup de concentration et d’énergie pour tenter de rester debout tout en courant. Arrive un beau raidillon, bien casse-pattes et également bien boueux, où il est difficile de ne pas redescendre un peu à chaque pas posé. Il faut essayer de sortir de la trajectoire pour trouver un peu de végétation ou des racines qui pourraient nous venir en aide.

Ce qui contribue certainement à l’engouement de cette course, ce sont les personnes, des amis, de la famille, des anonymes qui sont là, toute la nuit, réparti sur tout le parcours pour nous encourager. Certains chantent, d’autres cris, toujours un petit mot sympathique, un geste de la main et pourtant aux vues des conditions météorologiques ça n’a pas été facile pour eux aussi et c’était plutôt courageux de rester des heures entières, dans le froid et sous la pluie. Au milieu de ce raidillon, il y avait tout un groupe de jeunes supporters, on pouvait les entendre chanter et encourager de loin. Au top, alors que nous étions dans le dur dans cette côte.

Toujours en montant, pour atteindre “Le Signal” point culminant de cette SaintéLyon, ma montre bip le 40e km en 5h27, c’est pas si mal mais il m’en reste autant à faire… Je continue à courir et à lutter contre les éléments.

Le Camp – Saint Genou, 46e km et 3e ravito

Et comme chantaient les supporters à l’entrée de ce ravito : “À Saint Genou, tu bois un coup !”. Faut pas me le dire deux fois, direction la soupe chaude ! J’en profite pour prendre un morceau de fromage, quelques fruits secs et me remets en route avant de trop refroidir.

La SaintéLyon n’est pas un Trail techniquement difficile, 2100d+ et 2400d- pour 81 km c’est très raisonnable, c’est même une épreuve assez roulante. Sauf, que dans ces conditions, cela complique sérieusement la donne… Pour ma part, sur ces chemins en descentes, chaque appui est fuyant. Je perds beaucoup d’énergie à essayer de contrôler ma trajectoire et à ne pas chuter. Sans m’en rendre compte, je dois certainement être trop crispé et ne pas avoir la bonne posture, ce qui, au fil des kilomètres me déclenche un syndrome TFL (le fameux essuie glace) à gauche et à droite. Chaque foulée devient donc irrémédiablement douloureuse. Je suis obligé de lever le pied en descente, en alternant course et marche. Je relance, tant bien que mal, sur le plat. Pour ce qui est des montées, je fais comme pour la majorité des concurrents, je marche pour m’économiser.

Passé le 50e km, à chaque fois que je lève la jambe gauche, une douleur vient se rajouter au niveau de la hanche et c’est sans compter des douleurs au niveau des cervicales qui me prennent le cou et les épaules. Ça se complique…

Lorsque le terrain est à nouveau plat sur chemin ou sur bitume, j’essaye de courir avec une foulée la moins crispée possible pour me soulager mais c’est loin d’être évident et efficace. 

A partir de ce moment, j’ai l’impression de faire du sur place. Courir en descente m’est trop douloureux, il faut donc que je marche. En montée, même si je garde une bonne cadence je ne dépasse pas le stade de la marche. Sur le plat, j’alterne entre quelques dizaines de mètres en courant et quelques mètres en marchant. Les kilomètres défilent lentement et péniblement.

En toute franchise, c’est bien la première fois que je ne prends aucun plaisir sur une course, hormis l’euphorie du départ et les premiers kilomètres de cette SaintéLyon.

Tellement concentré sur la gestion de mon avancement que je n’ai pas vu je jour se lever. J’éteins donc ma frontale qui ne m’est plus d’une grande utilité. 

 

56e km, je gamberge et fais des calculs

Dans l’état dans lequel je suis, une fois passé le ravito des 60 km, combien de temps vais-je mettre pour parcourir les 21 km restants ? Y a t-il une chance pour que mon état s’améliore ? Si oui, optimiste je table sur une vitesse de 6 km/heure et qui me donne une arrivée 3h30 plus tard. Ou au contraire que cela empire ? Dans ce cas péniblement un 4 km/heure me donne plus de 5 heures…

Tout en cogitant et en continuant d’avancer, je me rend compte que même sur le plat je n’arrive plus à relancer. Une douleur prenant la cheville et le dessus du pied gauche se manifeste (cela me rappelle un souvenir assez récent…). ça se complique sérieusement…

 

58e km

Marcher devient un supplice et je ne vois plus comment trouver la force de faire ces plus de 20 km dans cet état.

J’appelle ma petite femme qui m’attend avec ma fille pour leur annoncer la nouvelle, non je ne franchirai pas cette arche d’arrivée ! SaintéLyon : 1, Anthony : Ko !

Ma petite femme a des paroles réconfortantes et je suis plus déçu pour toutes les 2 qui devaient m’attendre à l’arrivée.
Florent, m’avait laissé un message pour m’encourager, je le rappelle et il m’apprend qu’il a également abandonné.

Malgré tout, je n’ai pas de regret, il faut aussi savoir abandonner cela fait partie du jeu, c’est le premier et surement pas le dernier !
On continue d’apprendre, d’acquérir de l’expérience pour essayer de devenir plus fort et repousser ses limites 😉

Un grand merci à tous les bénévoles qui ont fait un travail remarquable, pour certains, à rester seul à un croisement, toute la nuit sous la pluie et le froid !

Ainsi s’achève cette année de course 2018 après avoir parcouru 2072 km, en 149 sorties, 242h21m et 64217m de dénivelé positif. Il est temps de faire une belle coupure 🙂

 » Ne t’inquiète pas de l’échec, inquiète-toi des chances que tu manques lorsque tu n’essaies même pas.  » Jack Canfield

 » L’échec est la voie du succès ; chaque erreur nous apprend quelque chose.  » Morihei Ueshiba

Annexes :

SaintéLyon 2018 | Le film

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